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My daily planet
17 juin 2015

Lars Kepler, l'incroyable réalisme

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Losqu'on lit un polar, on s'attend avant tout à être tenu en haleine. Une histoire bien ficelée, avec un ou deux personnages marquants et un décor opressant. On retrouve toute sa dimension chez Lars Kepler,pseudonyme choisi par un couple qui écrit à quatre mains. Le flic, c'est Joona Linna, un flic tres observateur, solitaire et obstiné. Il travaille pour la police suédoise( nom impossible à reproduire sans le bouquin sous la main). Ses fidèles, ce sont d'abord un légiste,l'Aiguille, une jeune flic, intuitive et courageuse, Saga Bauer et son équilibre, c'est Disa. Tout semblé en place. Pourtant, l'écriture de ces deux-là est incomparable.

Alors oui, il y a des meurtres, des kidnappings, des psychopathes et des victimes. Âmes sensibles s'abstenir, pas grand chose ne nous est épargné. Mais la manière dont Kepler ( jouons le jeu) place le lecteur est dérangeante et peu connue.

Nous apprenons à connaître Joona de la même manière que nous apprenons à connaître les personnes qui nous entourent : petit a petit et en fonction des événements. Loin des descriptions jugées nécessaires pour fixer l'action, les auteurs nous demandent dans leurs livres de leur faire confiance. Nous serons tout ce que nous devons savoir le moment venu, et avec la pudeur nécessaire. Parfois l'émotion. Rien d'inutile n'est livré dans la description des personnages, seul le moment de l'action compte. Il est impossible de décrire Joona autrement que par son regard ou ses attitudes. C'est exactement ce que nous faisons avec le monde qui nous entoure. Nous ne lui parlons pas, nous observons. Pour une fois, nos sens et notre position sont en parfaite harmonie. C'est sans doute une des raisons qui nous fait dévorer chaque histoire. Les chapitres courts rythment l'action et nous tiennent en haleine jusqu'au dénouement.

Une autre particularité à relever chez Kepler est cette manière de se placer du côté des victimes. Ceux qui sont capables d'accomplir les pires atrocités ne le font pas sans raison et c'est en cela que nous assistons alors à la démonstration de l'effroyable humanité. Chacun se compose entièrement de ce qu'il a subi, du plus fou au plus lucide, du plus perturbé au plus équilibré. Les monstres n'échappent pas à la règle. Une attention particulière, juste et touchante est portée à l'enfance. C'est le rôle des adultes que de veiller sur eux, quoiqu'il advienne. Joanna le démontre parfaitement à lui tout seul, en se libérant de ses propres sentiments au profit de la vie et de l'opportunite qu'elle represente. Il ne s'agit pas de juger dans toutes ces histoires, mais bien de comprendre et de mettre fin à ce mal, cette douleur intolérable qui vient troubler la vie par son existence.

Les livres de Lars Kepler representent plus que le genre du polar scandinave en nous livrant de telles leçons de vie. Comment appréhendons-nous le monde qui nous entoure? Sommes- nous suffisamment attentifs? Pouvons-nous expérimenter l'amour absolu? Au final, tout cela est-il bien raisonnable?

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